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Funambules

Rue de la folie,

17h50


Etre à la fois toutes ces femmes et tous leurs défauts. Bien sûr qu’elles sont touchantes, parce qu’elles semblent tellement vraies. Une cure de sex and the city, je ne suis pas sûre que ça soit tellement la solution. Peut être qu’il n’y a pas de solution. Peut être que simplement, c’est une équation impossible à résoudre. Qu’est ce qu’on cherche tous en fin de compte ? Qu’est ce que je cherche, moi ? La solution, ça voudrait dire qu’on peut arriver au bout de quelque chose. Qu’on peut en voir la fin. Alors non, ce n’est pas une solution que je veux, c’est l’infini. L’intemporel, se perdre entre ici et une année-lumière, ou j’en sais rien, quelque part, dans un temps inconnu.

 

Il y en a qui fourchent sur le nom de leur nouvelle compagne, maladroitement, pour le remplacer par celui de leur ex femme. Leurs choix à eux, ils sont derrière eux. Ils auront au moins construit quelque chose, même si c’est tombé en morceaux, même si ça a pourri de l’intérieur. C’est derrière eux, et leurs prétentions sont revues à la baisse. Leur fil est devenu une poutre, c’est moins risqué, bien que ça ne mène pas toujours plus loin.

 

Alors, dans cet imbruglio, que deviennent les désirs ? Doivent-ils se réduire simplement à celui de ne plus tomber ? Il s’agit toujours de jouer à l’équilibriste, d’être suspendue au-dessus du vide et d’avoir peur de faillir. Les ‘j’ai failli’ – j’ai failli être heureuse, j’ai failli tomber dans le creux de ses mains, j’ai failli – ne devraient jamais remplacer les ‘j’ai déjà’.

 

On n’aura qu’à dire que j’aime Gaudi et que t’aimerais mon sourire, mes ptits seins et mon cul. On n’aura qu’à se donner rendez vous et se tenir la main comme des cons romantiques, avec un sourire niais. On n’aura qu’à dire viens, je pars. On n’aura qu’à dire je file avec toi, je te suis, viens on s’casse d’ici. On n’aura qu’à dire ça et rigoler, et puis devenir vieux et entendre la marmaille pleurer dans un coin d’maison. Y’aurait le chien dans un jardin pour coller aux clichés, mais on n’en aurait plus rien à carrer d’être des caricatures pour nos ptits enfants.

 

Est-ce que c’est cet avenir que je veux ? j’en sais rien. Il est trop tôt. Dans les séries, les filles sont toujours des salopes de princesses, alors c’est difficile de ne pas les jalouser un peu. Même ceux qu’elles ont bottés en touche, je me les serai bien mis sous la dent. Peut être que les rêves doivent virer au cauchemar. Peut être que tout tourne quand on n’y prend pas garde. Peut être qu’il y a toujours quelque part une date limite, un truc écrit en petit qui nous prévient que c'est pas éternel.

 

C’est difficile de garder l’équilibre quand les bras se tendent pour vous saisir.

 

 

COELIO. - J'ai un service à te demander.
OCTAVE. - Parle, Coelio, mon cher enfant. Veux-tu de l'argent ? Je n'en ai plus. Veux-tu des conseils ? Je suis ivre. Veux-tu mon épée ? voilà une batte d'arlequin. Parle, parle, dispose de moi.
COELIO. - Combien de temps cela durera-t-il ? Huit jours hors de chez toi ! Tu te tueras, Octave.
OCTAVE. - Jamais de ma propre main, mon ami, jamais; j'aimerais mieux mourir que d'attenter à mes jours.
COELIO. - Et n'est-ce pas un suicide comme un autre que la vie que tu mènes ?
OCTAVE. - Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d'argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans ; toute une légion de monstres se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l'équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l'aveugle de ses ailes noires. il continue sa course légère de l'orient à l'occident. S'il regarde en bas, la tête lui tourne ; s'il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu'il porte à la sienne, voilà ma vie, mon cher ami ; c'est ma fidèle image que tu vois.

COELIO. - Que tu es heureux d'être fou !
OCTAVE. - Que tu es fou de ne pas être heureux ! Dis-moi un peu, toi, qu'est-ce qui te manque ?

 

Les caprices de Marianne, d'Alfred de Musset (Acte I, scène 1)



Peut être aussi qu'aujourd'hui, ce sont les mots des autres qui me disent le mieux.

http://gouttiere.canalblog.com/archives/2009/04/14/13382320.html



Ecrit par Perfect-plank, le Mercredi 15 Avril 2009, 18:01 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Ben W.
15-04-09 à 23:21

En tout cas, très bon choix d'auteur.

 


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