C’est terminé. Voilà, j’suis diplômée. J’fais un grand plongeon dans le vide, un bon vieux saut de l’ange. J’ai du mal à atterrir, je plane un peu. Ca fait que deux jours et demi et pourtant j’peux dire que ça y’est, j’suis architecte.

Je vais bien ; y’a la fatigue en boomerang pour toutes les nuits sans sommeil, pour le corps malmené à coups de caféine et de délais impossibles. Y’a tout ça.

Les cernes sous les yeux comme un mauvais tatouage, et la fierté d’avoir accompli quelque chose aussi, d’être allée au bout, et d’avoir ouvert d’autres pistes. J’ai revu L et la boucle est bouclée, et maintenant on parle d’égal à égal ; et je crois qu’il aime ce que la petite fille qu’il a rencontrée est devenue, et je crois qu’il regrettera encore d’être parti comme ça. Anyway.

Et puis, il m’appelle sa petite cannibale et je me sens bien ; on se ménage des temps pour nous et des temps à soi, et ça continue d’être doux. Pour la première fois depuis longtemps j’entends quelqu’un parler de moi en disant « ma copine » et bizarrement j’trouve pas ça incongru ; mes amis l’ont rencontré et m’envoient des sms pour dire qu’ils sont heureux pour moi, qu’ils le trouvent chouette, et que j’ai la classe.

J’me dis que c’est fou que tout me sourie là d’un coup, j’me dis voilà, j’crois que tout va bien. Que j’suis en train de me défaire du passé, même si j’oublie pas. Bien sûr on a encore des rythmes à trouver, des concordances à apprivoiser, les corps à s’apprendre, le passé à se rendre. Et rien de tout ça ne me parait impossible.

J’aurais voulu prendre le temps de respirer un peu, de prendre une grande inspiration familiale et puis, c’est toujours l’administration qui gagne. J’prends des décisions pas faciles à prendre et c’est peut être ça, grandir. Même si je sais d’ici qu’ils vont tous me maudire pour les semaines à venir, que j’vais au-devant d’un tas de remarques et de commentaires acerbes. S’ils savaient. S’ils savaient comme ils me manquent.

Peut être que finalement, grandir, c’est dire ce genre de choses. Leur dire vous me manquez terriblement, mais j’peux vraiment pas, j’suis ligotée ici, même si j’ai vraiment vraiment besoin de vacances. De retrouver un peu la paix, le silence, ce rythme lancinant.

Alors prendre un week end pour récupérer, quand même, même si j’rédige cv lettre de motiv et que j’consulte toutes les annonces possibles et imaginables. Que je me prépare déjà un emploi de temps pour la semaine à venir, avec des rendez-vous et tout le toutim. Ouais. C’est ça mes vacances. Moi qui tout ce temps m’accrochais à la perspective d’un mois à l’étranger, c’est raté.

Move on. Maybe in an adult way.